Démarche artistique

Issue des arts du cirque et de la danse, mon approche de la sculpture est, étroitement liée au langage du spectacle. Un puissant besoin d’émouvoir, de divertir et de soulever des enjeux par l’entremise d’histoires est ce qui motive mes gestes artistiques.


Dans le bois, je sculpte des animaux souvent solitaires et vulnérables. Il s’en dégage une esthétique candide qui porte cependant souvent des thèmes plus sombres.


En effet, aux premiers abords, mes sculptures sont d’allure sympathiques et attendrissantes, puis, lorsque qu’on porte attention on remarque des entailles, des écorchures et des éraflures qui les traversent et sous-tendent une réalité différente.


Ces cicatrices sont les marques volontairement laissées par un procédé de réalisation instinctif, direct et brute. Évoquer le processus de création dans la forme finale est une façon pour moi de mettre en lumière l’investissement émotif et physique déployer dans la matière, mais il participe surtout à nourrir l’unicité et l’authenticité de l’animal qui porte les marques spécifiques de sa propre création.


Avec le temps, ma relation avec la précarité de la biodiversité et de l'environnement a pris une place majeure dans mon travail. Cette expression cicatricielle est donc directement reliée à la relation que nous entretenons avec la nature et la fragilité de celle-ci. Mon sentiment d'impuissance à la protéger se reflète dans les sujets qui m'animent. Il en résulte des œuvres composées d’un mélange complexe de douceur, d’urgence, d’impuissance, d’espoir candide, de tragique et d’humour.


L’usage de la couleur, quant à elle, est une translation directe du maquillage circassien. Le camouflage, la distorsion, l’augmentation des ombres et lumières ainsi que la saturation exagérée me permettent de m’éloigner d’un réalisme qui viserait la simple représentation physiologique de l’animal. Cette distanciation formelle, grâce la couleur, met plutôt de l’avant la personnalité et l’état d’âme de l’animal. J'utilise aussi le contraste entre le visuel tendre et enfantin de mes sculptures et le traitement balafré de la sculface pour parler d'authenticité. Peut-être une analogie avec le cirque où le maquillage camoufle et où le vrai et le faux se mélangent? Ou plus simplement, le reflet de la vie publique versus la vie solitaire.


Il est indéniable que mes animaux aux couleurs fantastiques font souvent écho aux sentiment que procure les animaux en peluches de notre enfance dont le regard attendrissant stimule immanquablement un réflexe d’anthropomorphisme. J’ai découvert avec le temps que cette irrésistible envie d’attribuer des caractéristiques humaines à des objets ou des animaux est un phénomène émotionnel qui me permet à travers mon travail d’émouvoir un public très large.